Sortie géologique et patrimoniale en Anjou
Week-end du Vendredi 20 au Dimanche 22 septembre 2024
Vendredi 20 : La Mine Bleue
C’est à la Mine Bleue que nous avons pris rendez-vous pour débuter notre week-end angevin.
Et quoi de mieux que de nous retrouver autour d’un pique-nique ? A 12H30, tout le monde est arrivé et se retrouve joyeusement autour d’une bonne table.

14h30 : il est temps de rejoindre le point de rassemblement pour démarrer le visite de la mine.
La Mine Bleue est située sur la commune de Segré-en-Anjou (49520). Site unique en Europe, cette mine nous invite à découvrir l’origine de l’ardoise et ses techniques d’exploitation au cours d’une visite guidée à 126 mètres sous terre ! Claustrophobes s’abstenir !


L’origine du gisement remonte au début de l’ère primaire, plus précisement à l’étage Ordovicien , soit à plus de 450 millions d’années. Les vases argileuses qui, à l’époque, se sont déposées lentement au fonds des mers, furent par la suite recouvertes de dépôts successifs d’une grande épaisseur. L’ardoise est une roche métamorphique à grain fin montrant un clivage ardoisier, c’est-à-dire, une fissilité d’origine tectonique, millimétrée et orientée perpendiculairement à la contrainte principale du métamorphisme


Samedi 21 : Anjou blanc, Anjou noir : promenade géologique
Samedi matin, nous retrouvons Françoise MAROT, enseignante à l’UATL (Université Angevine du Temps Libre) et membre de la Société d’Etudes Scientifiques d’Anjou, qui va nous guider tout au long de cette journée et nous faire découvrir l’Anjou blanc et l’Anjou noir.
Présentation de l'itinéraire

Arrêt 1 : St Saturnin-sur-Loire
En partant d’Angers, sur la route qui nous conduit à St Saturnin, qui sera notre première halte, Françoise nous fait observer à St Jean-des-Mauvrets les pierres servant à la construction des bâtiments du village. Il s’agit de schistes typiques de la vieille chaîne hercynienne. Ce village marque la limite entre le Massif Armoricain, auquel appartient l’Anjou noir et le Bassin Parisien, auquel appartient l’Anjou blanc.


A St Saturnin, nous entrons dans l’Anjou blanc.
Mais nous pouvons encore observer, sur le chemin partant de la mairie et descendant vers la Loire, la limite entre le socle armoricain schisteux et les calcaires à Exogyra, du Cénomanien (95 MA).



Avant de reprendre nos véhicules, nous nous attardons dans la cour de la Mairie, où se trouvent des grès à plantes datant de l’éocène (environ 40 M d’années), formés à partir de sables terrigènes et présentant de nombreux fossiles de feuilles (laurier, palmier…) et de racines.



Arrêt 2 : Montsabert
Pays du tuffeau, roche issue d’une sédimentation marine à faible profondeur et qui s’est formée à l’époque turonienne (90 MA).
Le tuffeau est peu fossilifère mais on y a trouvé un grand reptile marin du groupe des Plésiosaures, que l’on peut admirer au Musée des Sciences Naturelles d’Angers. Nous aurons d’ailleurs le loisir de le découvrir lors de notre visite programmée pour dimanche.


Arrêt 3 : Le Bourgdion
Carrière de sable grésifié du Sénonien (85 MA) avec fossiles de spongiaires


Arrêt 4 : Les Bournais
Nous sommes ici en présence d’une ancienne carrière à calcaires et marnes du Jurassique (Bajocien) datant de 175 MA. Nous y avons trouvé quelques Térébratules , que nous avons eu bien du mal à extirper de ces calcaires très durs.




Arrêt 5 : Doué-la-Fontaine
Nous effectuons notre pause déjeuner au milieu d’une ancienne carrière de faluns, abritant une scénographie artistique : « le Mystère des Faluns ». Résultat d’un dépôt coquillier, cette roche s’est formée au Miocène (10 MA) dans un golfe maritime soumis à des courants violents. L’effet de ces courants est observable dans les rides sinueuses et entrecroisées, bien visibles sur les parois de la carrière.





Passé ce bon moment , nous reprenons la route pour rejoindre la corniche angevine. Ce trajet marque la transition entre Anjou blanc et Anjou noir
Arrêt 6 : Roche de Mûrs
La Roche de Mûrs marque le début de la Corniche Angevine.
Surplombant la vallée du Louet, cette falaise de 40 m est constituée de schistes, vestiges du plissement hercynien et orientés nord-ouest/ sud-est.
Ces schistes, qui n’ont pas été exploitées pour l’ardoise, se sont formés à l’époque ordovicienne (entre 485 et 444 MA)


Arrêt 7 : Denée
Cette halte nous met en présence de plusieurs types de roches. Et pour commencer, quels sont ces filons blancs observables dans les pierres du muret ? Il s’agit de calcite résultant de l’altération de la chlorite.

Un peu plus loin, se présentent des épanchements volcaniques en pillow-lavas (laves en coussins) qui se sont formés au fond de la mer de l’Ordovicien. Il s’agit de spilites (basaltes)




Arrêt 8 : Eglise de Rochefort-sur-Loire
L’église de Rochefort est bâtie sur un piton granitoïde dégagé par l’érosion (pluton) et qui laisse apparaitre à sa base une roche microcristalline : la chlorite verte


Arrêt 9 : La Haie Longue
Il y a très longtemps, des torrents dévalant la montagne hercynienne charriaient des galets roulés, qui ont formé ces poudingues observables de part et d’autre de la chapelle Notre-Dame-de-Lorette.


Arrêt 10 : Le terril et la tranchée des Malécots
Cettte ancienne mine du sillon houiller de la Basse-Loire a été exploitée jusqu’en 1964. Au plus fort de la production, une quarantaine de mineurs extrayaient jusqu’à 5000 tonnes de charbon par an. Ne subsistent aujourd’hui qu’un terril et un chevalement reconstitué.




Il nous suffit de traverser la route pour découvrir la Tranchée des Malécots. En quelques dizaines de mètres, nous passons d’une veine de houille aux vestiges d’une forêt du carbonifère, détruite par un volcanisme explosif. Témoins de ce phénomène, la « pierre carrée » (cinérite), roche d’origine volcano-sédimentaire et les fossiles végétaux qui s’y trouvent (troncs de Lépidodendrons).






Arrêt 11 : Le four à chaux St Vincent (XVIIIème siècle)
Les fours à chaux se développèrent en Anjou à partir du 17e siècle. L’activité atteignit son apogée au 19e siècle tout comme l’exploitation des mines de houille. La chaux produite était transportée par les mariniers jusqu’à Nantes où elle servait notamment à la fabrication de l’acier.
Le mode de fonctionnement était le suivant : on alternait une couche de calcaire (1000 kg) avec une couche de charbon (250 kg), sous forme de sandwich. Les chaufourniers enfournaient le matériau par le gueulard, pendant que d’autres venaient tirer la chaux et les cendres dans les ébraisoires. Le calcaire et le charbon – tous deux présents dans la région – descendaient par gravité au rythme des tirages et arrivaient en bas au bout de 4 à 5 jours. Entre temps ils traversaient la zone centrale où la chaleur était maximum (1000 à 1500°C). C’est là qu’ils se transformaient en chaux vive et en cendres.


Ainsi se termine notre itinéraire, qui nous aura menés à travers l’Anjou blanc et l’Anjou noir.
Tout au long de cette journée, Françoise nous aura fait découvrir l’incroyable richesse géologique de cette région qu’elle connait si bien. Elle aura su nous transmettre ses connaissances, faisant preuve d’une grande érudition, avec une disponibilité et une énergie sans faille que tous les membres de notre groupe ont grandement appréciées et saluées.
Dimanche 22 : Visite du Musée des Sciences Naturelles d'Angers
Le Musée est abrité dans deux bâtiments d’origines distinctes reliés par un petit jardin adossé aux remparts médiévaux, l’hôtel Demarie-Valentin et l’ancien hôtel de ville, datant du XIIIe siècle.
Celui-ci abrite les collections de paléontologie depuis 1885 dans l’ancienne grande salle du Conseil municipal (1529-1823, devenue la grande salle de la Cour d’appel entre 1823 et 1885), qui comprend de belles boiseries et une porte sculptée par le menuisier Pierre-Louis David (1756-1821), le père du fameux sculpteur angevin du même nom, dit David d’Angers.

Nous sommes accueillis par Benoit MELLIER, responsable des collections, qui nous offre le privilège d’une visite commentée des collections géologiques, paléontologiques et préhistoriques de ce Musée « à l’ancienne », présentant une exposition permanente d’une richesse extraordinaire.



Base de troncs de Lépidodendron du Carbonifère, tels que nous avons pu en observer à la tranchée des Malécots (voir Arrêt 10)
Pièce maîtresse du Musée : un fossile de plésiosaure, reptile marin vivant il y a 92 MA, à l’époque du Turonien, découvert dans une cavité troglodytique, près d’Angers.



Nous terminons notre visite par les vitrines consacrées à la préhistoire. L’une d’elle est consacrée au site de Roc-en-Pail, situé sur la commune de Chalonnes-sur-Loire (49), unique site en Pays de la Loire à avoir livré des restes néandertaliens et, à l’échelle de la France, un des très rares sites de plein air d’où proviennent de tels restes humains.
Ce site a également livré de nombreux vestiges lithiques et fauniques de l’époque moustérienne. Les nombreux outils découverts sur place confirment une occupation néandertalienne entre – 85 000 et – 55 000 ans.


Après cette visite, au cours de laquelle nous avons pû apprécier la générosité et la passion avec lesquelles Benoit MELLIER a su nous transmettre ses connaissances , nous nous rendons à la brasserie Milord pour partager un déjeuner bienvenu avant que chacun reprenne la route du retour.

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